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Artiste-performeuse sonore, Morgane Roumegoux a étudié à l’ESAD (Strasbourg) au sein de l’atelier Phonon-Lab, pour obtenir ensuite son DNSEP à la Villa Arson (Nice) en 2012.
Avec l’expérience de plusieurs événements collectifs, mêlant performance
et retransmission en direct sur diverses radios, Morgane Roumegoux s’est
accaparée l’acte oral. Intéressée par l’architecture du langage, elle s’amuse à l’arpenter pour lui trouver ses failles.
D’un détail au premier abord anodin voire absurde, elle s’y attache, ne le lâche
pas, et fabule afin de faire naître une narration : ce qu’elle appelle «ses piécettes».
Imprégnée de la poésie dada et de ses fameuses manipulations et destructions de langage, l’artiste n’hésite pas à jouer de la langue : du bégaiement, au grognement, jusqu’au cri – climax final, à interpréter comme la limite du dicible, elle fait surgir du sens ou plutôt, sublime le non-sens en réponse au rationalisme ambiant.
Par une langue haletante et déstructurée, entre détournement et parodie, elle nous propose des hypothèses d’être, des échecs de communication, des fausses réponses, des absurdités… images sonore d’un court-circuit volontaire.

Performeuse à voix, elle se consacre aujourd’hui à expérimenter cette oralité au travers d’enregistrement acté-diffusés, lui permettant d’ouvrir sa pratique à des objets ou des installations sonores dont le potentiel animiste ne manque pas de pouvoir et de dérision.

Mes questionnements se tournent vers des situations, des formes, à la fois inquiétantes et familières : des situations «miroir» créant un vertige.

Miroir parce qu’elles sont le résultat d’une translation, d’une duplication, d’une ressemblance inopinée, ou simplement parce qu’elles reflètent un usage oublié, transformé.
Mon travail du son est situé dans le champ de « l’essai radiophonique ».
Je travaille sur des situations, des événements, des lieux, des temporalités, dans lesquels se trouvent a priori un « nœud », une zone grise. Par la mise en relation, au montage, d’éléments enregistrés, ceux-ci agissent à la manière d’indices venant à la fois éclairer ceux qui les précèdent, et complexifier l’ensemble.
Je situe le travail du son dans le verbe « entendre », autant dans le sens de l’entendement que de l’audition, l’écoute.
Mentale et physique, l’écoute renvoie toujours à une substantialité de réserve, une mémoire involontaire. Le son n’est pas de la matière mais est inhérent à cette dernière : il en dépend et en témoigne.
Mon projet pour cette année consiste en l’étude de l’utilisation collective du bruit, que  cela se situe dans les interactions sociales et revendicatives contemporaines, aussi bien que dans des situations « traditionnelles »,  voire imaginaires, et toujours profanes…

Page de recherches : www.archipels.org/table/vacarme

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Né en 1982 à Grenoble.
DNSEP Art 2007, ENSBA Lyon.

http://www.zerojardins.com/

 

J’envisage la création sonore comme une pratique dite de «  sculpture  », une immersion dans le son, en temps réel et en résonance dans un espace.

Mes recherches se focalisent sur la création de situations d’écoute et interrogent leurs modes de diffusion et de réception.

Mon projet est basé sur les phénomènes psycho-acoustiques, et questionne la relation de la conscience avec ce qui est perçu.

Flavia Lopez

Ayant comme préoccupation d’intégrer le spectateur au centre du dispositif, mon travail se met en place tel un déroulement, une promenade, rythmé par des séquences colorées et sonores. Des mesures musicales qui prennent formes par la déambulation du spectateur et de son environnement. Celui-ci est invité à se créer sa propre mélodie au gré de ses déplacements.

Mon travail plastique se base sur le rapport étroit et conflictuel entre l’oreille et l’œil. L’individu est incité à mettre en relation la vue et l’ouïe afin de comprendre la surface du son.

Le rapport au temps et à l’expérience du spectateur est très présent dans mon travail. Pour cela, je mets en place différentes compositions vibratoires de trames se juxtaposant afin de créer un rythme. Celui-ci est répétitif et s’étant sur l’ensemble du support. Ce procédé me permet de suggérer la continuité, de prétendre à une non fin, à quelque chose d’omniprésent, comme l’est le son.

Semaine #8

Mercredi 4 juin, 14 h 30, Salle video

Intervention d’Arnaud Deshayes

Il y a des vitesses : celle de la lumière et celle du son. / Il y a des corps et des organes sensoriels : yeux et oreilles. / Il y a un mariage équivoque qui prend pour nom audio-visuel. / Il peut y avoir des synesthésies, parfois des synchronisations. / Il y a un champ d’exploration infini.

Nous parcourrons quelques segments de ce champ de tension où viennent se croiser les sons et les images dans des rapports étranges et souvent complexes. J’évoquerai ceux dont j’ai pu faire l’expérience dans le travail et ceux que j’ai pu observer comme spectateur.

Arnaud Deshayes a étudié à l’ENSA et au conservatoire de Paris-Cergy ainsi qu’au Fresnoy. Travaillant le champ cinématographique par les médias numériques (vidéo et son) et les outils analogiques (pellicule, poudre noire, objets sonores), Arnaud Deshayes s’intéresse particulièrement aux dispositifs, aux effets et à leur écriture ainsi qu’au regard documentaire.  Collabore fréquemment avec des plasticiens, d’autres cinéastes ou encore des musiciens pour lesquels il développe un travail d’écriture sonore et visuelle.  Il mène actuellement une recherche sur les effets visuels avec des anthropologues (groupe Artmap).  A travaillé comme reporter et critique littéraire à France Culture et Beaux Arts Magazine.  Fortement impliqué dans la transmission des pratiques, il a enseigné le son, la vidéo ainsi que l’histoire du cinéma, de la musique et de la littérature à l’Ecole d’art d’Avignon.  Il enseigne l’image en mouvement à l’ensa Bourges.

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Lundi 5 mai, 14 h 30, Salle d’écoute

Intervention de Daniel Teruggi

Eléments biographiques

Compositeur italien né en 1952 à La Plata (Argentine).
Après des études musicales et scientifiques en Argentine, Daniel Teruggi entre dans la classe de composition électroacoustique et de recherche musicale du Conservatoire de Paris (1977). En 1983 il rejoint l’Ina-GRM comme responsable pédagogique et de la production musicale. Il est directeur du groupe depuis 1997 et directeur de la recherche et de l’expérimentation à l’Ina depuis 2001. Il compose des musiques sur support, pour petits ensembles et support, ainsi que pour instruments traités en temps réel. Le son acousmatique et l’espace sont au centre de ses préoccupations. Parmi ses œuvres citons le cycle Sphaera (1984-1989), Xatys (1988, créé par Daniel Kientzy), Syrus (1992), The shinning space (1999), Spaces of mind (2004), et le drame acousmatique Parole perdue (créé en 2009 au Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon).

La problématique de la conservation des musiques acousmatiques et mixtes

Les musiques électroacoustiques, acousmatiques ou mixtes, posent un problème nouveau en termes de sauvegarde; problème pas très éloigné par ailleurs des créations artistiques contemporaines. Dans ce contexte de production particulier où la technologie a une place très forte, le problème n’est pas tant d’archiver ou de garder le témoignage d’une production, mais d’être capable de restituer l’œuvre dans le temps. Ces problématiques on posé des questions fortes sur la production et sa relation avec la technologie ainsi que sur des solutions possibles qui simplifieraient le processus de conservation et restitution.

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Mardi 6 mai, 14 h 30, Salle d’écoute

Intervention de Philippe Mion

Eléments biographiques

Philippe Mion. 1956. Tournan en Brie

La rencontre de la « musique concrète » a été déterminante dans le choix de mes premières orientations de compositeur.

J’ai collaboré durant près de 12 ans aux activités du Groupe de Recherches musicales (INA- Grm) puis poursuivi un itinéraire indépendant où perdure un goût de la musique acousmatique et plus généralement une sensibilité expérimentale en musique.

Outre la composition, je me suis intéressé au métier du concert électroacoustique (régies de concerts et interprétation d’œuvres acousmatiques sur dispositifs de haut-parleurs), à la radio (producteur à Radio-France de 1979 à 1982, émissions « éveil à la musique »), beaucoup à l’enseignement (composition et analyse musicale) et plus largement à la pédagogie d’une démarche expérimentale en musique.

Titulaire du C.A. d’électroacoustique, j’enseigne la composition électroacoustique au Conservatoire de Vitry-sur-Seine et l’analyse musicale au Conservatoire Royal de Mons en Belgique.

J’ai été Pensionnaire de la Villa Médicis à Rome de 1989 à 1991.

La SACEM m’a décerné le Prix Stéphane Chapelier en 1996 et le prix de la partition pédagogique en 2002.

Mes ouvrages pour le concert, le ballet, le théâtre et, pour une moindre part, le cinéma, reflètent l’importance que j’accorde en composition au point de vue perceptif et aux émotions, et je ne conçois pas d’abstraction musicale qui ne s’en nourrirait initialement.

Parmi mes compositions, des œuvres purement acousmatiques, des œuvres « mixtes » (mélangeant de diverses manières électroacoustique et instruments),  des œuvres instrumentales ou vocales, deux opéras et plusieurs ouvrages de théâtre musical.

Œuvres éditées :

Vinyl : L’image éconduite. (INA-Grm) / CD : Confidence (Métamkine) / Soupçon-délice (INA-Grm). / Léone (Empreintes digitales) / Loulou & Pierrot-la-Lune et les drôles de sons  (Gallimard-jeunesse) / Si c’était du jour. Des jambes de femmes tout le temps. Statue. (Coll. INA-Grm)

Publications écrites :

L’envers d’une œuvre  (Buchet-Chastel) / Analyses (CD Rom, site internet et livre INA-Grm) / L.Ferrari. La grotte – F. Bayle. La langue inconnue  – B. Parmégiani. L’œil écoute. / Zanesi. Les voix de Pierre Schaeffer. Denis Smalley, Empty wessel. / Y. Parenthoën, Le tour de la France…

L’analyse perceptive et la composition.

Comment analyser des œuvres musicales, radiophoniques, ou plus généralement sonores, qui ne présentent pas de partition. (L’analyse d’une partition est-elle l’analyse de l’œuvre ?) Repartant du concept Schaefferien, souvent mal compris, d’objet sonore, l’analyse perceptive peut-être envisagée comme un travail d’exploration de sa propre perception.

Les outils de description et classification du sonore qu’a proposés Pierre Schaeffer (Morpho-typologie du Traité des Objets Musicaux) et les divers concepts en usage dans le milieu des musiques dites contemporaines nous permettent de mener cette exploration en dépassant une subjectivité incommunicable. / L’analyse se conçoit alors comme une enquête sur notre “point de vue d’écoute“ et une recherche à la fois exigeante, amusante et roborative d’un vocabulaire précis pour l’exprimer et le faire partager. / Le relevé graphique (distinct de la partition) comme approche et distorsion intéressantes de l’écoute. / L’analyse comme deuil d’une écoute innocente, mais aussi comme ouverture à un travail souterrain, inconscient sur la composition.

Après un bref exposé général sur ces thématiques je proposerai aux étudiants des travaux pratiques oraux à partir d’éléments sonores et d’extraits d’œuvres. Je présenterai ensuite une analyse du Sanctus de la Messe à l’usage des Vieillards de Denis Dufour.

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